Allemagne: Köhler contre la privatisation du contrôle aérien
Au cœur des commentaires des journaux allemands
: l’opposition du président Horst Köhler à la privatisation de
l'autorité allemande du contrôle aérien, la Deutsche Flugsicherung. Le
président a refusé de promulguer une loi adoptée par le parlement
car selon lui elle ne respecte pas la constitution. Horst Köhler estime
en effet que l’Etat doit conserver le contrôle de la DFS et ne peut pas y avoir seulement une participation
minoritaire. Voilà qui vient contrecarrer les plans du gouvernement
d’Angela Merkel, qui espérait vendre au privé une grande partie de la
société de contrôle aérien et en tirer un milliard d’euros.
Le contrôle aérien est une grande responsabilité et doit fonctionner à un haut niveau, estime la Tageszeitung.
Mais il n’est pas absolument nécessaire que l’Etat assume lui-même
cette fonction. Après tout, il ne garantit pas automatiquement plus de
sécurité pour le trafic aérien, comme l’a montré l’accident à
Überlingen en 2002. Un accident qui a causé la mort de plus de 70
personnes et qui était dû à des négligences de l’autorité suisse de
contrôle aérien, Skyguide.
Le journal die Welt penche en faveur d’une
privatisation de la société de contrôle aérien, notamment parce qu’elle
elle apporterait beaucoup d’argent dans les caisses de l’Etat. De plus,
écrit le quotidien, l’exemple de la Grande-Bretagne montre que les
gérants privés sont capables de baisser les coûts du contrôle aérien,
tout en réduisant des retards inutiles, ce dont profitent les
voyageurs. Reste la question de la sécurité. L’expérience a montré,
justement dans le domaine de l’aviation, que les investisseurs privés
sont plus enclins que les organisations publiques à utiliser de
nouvelles technologies moins coûteuses pour effectuer leurs tâches avec
efficacité, surtout quand la concurrence est grande.
Pour la Süddeutsche Zeitung, en refusant
de signer la privatisation de la Deutsche Flugsicherung, Horst Köhler
soulève des questions politiques essentielles. Il ne s’agit pas
seulement du contrôle aérien, mais de bien plus : il s’agit du rôle
même de l’Etat. Combien l’Etat peut-il céder au privé de sa
souveraineté et de ses fonctions ? La santé publique,
l’approvisionnement en eau, le réseau routier, les prisons ? Les
fonctions policières ? La sécurité aérienne est une fonction
policière spéciale. Où sont les limites de la privatisation ? L’Etat
a-t-il le droit de se dégager ainsi de ses responsabilités ? Peut-il,
pour des raisons financières, abandonner des tâches qui sont
essentielles pour les citoyens ? Derrière toutes ces interrogations, il
y a une inquiétude que les juges de la cour constitutionnelle ont déjà
formulée à plusieurs reprises : A quoi sert encore l’Etat, s’il
abandonne toutes les fonctions qui font son essence même ? Le président
allemand force à présent la classe politique à se confronter à ces
questions primordiales. Et jusqu’à présent, c’est l’action la plus
importante de son mandat.
Bizarrement ... aucun commentaire sur le site de la DFS !!